
L’AVIS DE LA LIBRAIRIE
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Le Cercueil de Job, c’est ce losange composé de quatre étoiles au sein de la constellation du Dauphin. Et pour Bell Hood, esclave en fuite et Joe Hoke, soldat amputé, c’est avant tout la promesse d’une liberté à conquérir. Lance Weller insuffle la vie à ces deux destinées parallèles dans une matière historique assez mal connue en France : la Guerre de Sécession qui divisa et ensanglanta les États-Unis dans les années 1860. Dans ce contexte de guerre et d’esclavage, il livre une dure – mais belle, leçon d’émancipation (que l’on soit blanc ou noir, d’un camp ou d’un autre), sous une plume qui sait à merveille décrire les ambiances et faire ressentir les sensations (les gouttes de pluie sur les feuilles, les volutes de fumée dans le vent, le fracas des armes). Ainsi voici comment il décrit un coucher de soleil : « Un liseré de clarté courait sur l’horizon lointain comme une soudure brûlante. » Plutôt chouette, non ?
LA CITATION (p. 76-77)
Hoke avait toujours pensé qu’il était né sous une mauvaise étoile, alors il passait pas mal de temps à observer le ciel pour en trouver une meilleure à laquelle il pourrait accrocher tous ses espoirs. Parce qu’un jour quelqu’un lui avait dit qu’il y avait d’autres étoiles, plus belles, quelque part, là-haut. Debout dans les bois humides avant l’aube, tandis que le reste de l’armée – régiments, brigades, divisions et corps – commençait à s’agiter, il vit que la pluie, qui avait semblé ne jamais devoir s’arrêter quand ils s’étaient couchés la veille au soir, avait enfin faibli. À présent, c’était tout le reste qui était humide, pas seulement l’air. À présent, il y avait un ciel d’encre avec juste des étoiles ordinaires, sans aucune surprise. Faisant rouler ses épaules dans ses vêtements trempés, Hoke se frotta les yeux, essayant de s’habituer à l’idée qu’il était toujours en vie.